Stéphane Linou est l’un des pionniers du mouvement locavore en France. En 2008, cet habitant de Castelnaudary, dans l’Aude, s’était nourri pendant toute une année d’aliments exclusivement produits à moins de 150 kilomètres de chez lui. Une expérience qu’il avait médiatisée avant de poursuivre son combat dans la sphère politique, en étant notamment élu conseiller général de l’Aude de 2011 à 2015.
Aujourd’hui, production et consommation ne sont plus territorialisées et même les zones rurales sont alimentairement vulnérables, perfusées par le ballet des camions de la grande distribution, l’autonomie alimentaire de nos territoires n’étant en moyenne que de 2 %… À l’heure des cyberattaques, du dérèglement et des catastrophes climatiques, du terrorisme et de l’effondrement de la biodiversité, la déterritorialisation de la production et de la consommation alimentaires n’est pas analysée comme risque stratégique. Des signaux nous alertent pourtant : la moindre annonce de blocage routier vide les magasins, avant même toute pénurie, allant jusqu’à provoquer des émeutes, comme il y a peu en outre-mer.
Il y a deux ans, cet habitant du Lauragais a décidé de reprendre ses études en parallèle de son travail pour suivre un Mastère spécialisé en gestion de prise de risque sur les territoires. Dans ce cadre, il a élaboré un mémoire établissant le lien direct entre la résilience alimentaire des territoires – c’est-à-dire la capacité pour chacun à faire face à une pénurie alimentaire – et la sécurité nationale.
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Des travaux qui ont donné lieu à un livre-enquête intitulé Résilience alimentaire et sécurité nationale, qu’il a publié en autoédition. Celui-ci a permis à Stéphane Linou d’obtenir le prix « Information préventive et résilience des territoires » lors de la 12e édition du Forum des risques majeurs à La Rochelle, en décembre dernier.
Les travaux de Stéphane Linou ont par ailleurs été repris par Françoise Laborde, sénatrice de Haute-Garonne, qui s’intéresse depuis plusieurs années au combat mené par l’ancien conseiller général de l’Aude. L’élue a ainsi déposé au printemps dernier une proposition de résolution au Sénat, reprenant les conclusions du Chaurien.
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Examiné au Sénat le 12 décembre dernier, ce texte a été rejeté pour seulement 17 voix. Mais lors du débat, le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, est intervenu pour préciser que le « Gouvernement est globalement d’accord avec l’esprit et les orientations de cette proposition de résolution ». Une première victoire pour Stéphane Linou qui voit ainsi les théories qu’il avance depuis plus de 20 ans être enfin reconnues.
En ce début d’année, Stéphane Linou souhaite donc s’appuyer sur ce qu’il considère comme une « dynamique fertile » pour poursuivre son combat avec pour ligne de mire les élections municipales 2020.
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Tout en soulignant que « la commune de Dompierre-sur-Yon en Vendée vient tout juste d’inscrire le Risque de rupture d’approvisionnement alimentaire dans son Plan Communal de Sauvegarde (PCS), au même titre que les autres risques habituellement identifiés », le locavore indique :
Les citoyens, candidats aux élections municipales, qu’ils soient sortants ou pas, peuvent intégrer la résilience alimentaire de leur territoire sous l’angle de la prévention des risques, sans passer désormais pour des farfelus.
Pour les aider à inscrire cette démarche au cœur de leur programme électoral, Stéphane Linou vient de publier un courrier type à l’attention des candidats aux Municipales 2020 de toute la France. Ces derniers pourront adresser cette lettre à leur préfet afin de l’inviter, à l’issue de l’échéance électorale, à « co-construire la résilience alimentaire et la sécurité de leur territoire ».
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En signant ce courrier, les candidats s’engagent également à inscrire dans leur programme, pour mises en œuvre communale et intercommunale, des actions visant à augmenter l’autonomie alimentaire locale ; à favoriser l’entraide, le partage et notamment celui des ressources, elles-mêmes à préserver et à régénérer ; à préparer
leurs populations aux risques liés à l’approvisionnement alimentaire au même titre que les autres risques habituellement identifiés.
Espérant voir cette liste s’allonger rapidement, le locavore du Lauragais poursuivra ces prochaines semaines son tour de France entamé il y a plusieurs mois déjà, pour faire la promotion de son ouvrage et du thème de la résilience alimentaire à l’échelle locale.
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Il tiendra ainsi une conférence le vendredi 10 janvier à Poitiers (à 20 h 30 à l’espace Mendès-France), animera un défi locavore le samedi 11 janvier à 12 h à Niort (au restaurant Le Repaire) et proposera une nouvelle conférence le lundi 13 janvier à 19 h à Nieul-sur-Mer (à l’espace Michel-Crépeau).
Infos pratiques
Pour plus d’informations sur la démarche de Stéphane Linou vous pouvez vous rendre sur son site internet.